La Norvège autorise l’exploitation minière en eaux profondes. Une catastrophe annoncée

Bravant le froid hier, des militants norvégiens et venus du monde entier tels que la Française Camille Étienne, s’étaient réunis devant le parlement norvégien, Stortinget, en attendant le vote sur l’exploitation minière dans les eaux profondes.

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A 80 voix pour et 20 contre, le vote est passé, autorisant d’ouvrir plus de 280,000 kilomètres carrés des fonds marins du pays à l’exploitation de minéraux et métaux rares.

Les fleurons de l’économie norvégienne se trouvent dans la mer, entre l’exploitation offshore du gaz et du pétrole, et l’exploitation industrielle du saumon. Le gouvernement passe à la vitesse supérieure avec cette décision, allant à l’encontre des recommendations de l’agence nationale norvégienne pour l’environnement. Même Equinor, la compagnie d’Etat d’exploitation de gaz et de pétrole, ne compte pas s’investir dans l’exploitation minière en eaux profondes.

Les minéraux sont en eaux profondes entre Svalbard et Jon Mayen, sur les territoires arctiques de la Norvège. Extrêmement vulnérable au changement climatique, l’arctique est aussi une nouvelle terre promise en termes de ressources naturelles, et de géopolitique. Selon un rapport de l’Agence nationale norvégienne du pétrole, de grandes quantités de minéraux marins se trouvent sur le plateau continental norvégien. Les nodules de manganèse contiennent des minéraux tels que le fer, le manganèse, le cobalt, le nickel, le cérium, le zirconium et le titane, tandis que les sulfures peuvent être composés de plomb, de cuivre, de zinc, de cobalt, d’or et d’argent.

Pourquoi la Norvège ouvre-t-elle l’exploitation minière en eaux profondes dans une région vulnérable, risquant d’affecter la faune et la flore de cette région arctique? Une des raisons avancées par le Ministre du pétrole et de l’énergie est d’assurer une transition énergétique avec un accès à des minéraux nécessaires pour cette transition energétique. Certains de ces métaux sont en effet utilisés dans la construction de batteries électriques et d’éoliennes.

Selon le gouvernement, l’exploitation minière se fera de façon responsable et respectueuse de l’environnement, mais c’est chose impossible clament les organisations environnementales.

Selon WWF Norvège « les profondeurs marines sont le plus vaste habitat continu de notre planète. Elles constituent également le plus grand réservoir de carbone au monde. Les profondeurs marines soutiennent des processus écosystémiques essentiels au bon fonctionnement des systèmes naturels de la Terre. » Ils expliquent aussi que le besoin de minéraux pour la transition énergétique est immédiat, et ces minéraux ne seront disponibles que dans une vingtaine d’années. Cette exploitation minière demandera de gros investissements publics, qui selon de nombreux militants ne fait qu’agir comme diversion vers les vraies solutions: réduire la consommation et les activités qui émettent beaucoup de gaz carbone. L’institut de recherche NORCE a aussi emit des réserves en avançant que les analyses de besoin de tels minéraux ne sont pas assez solides pour autoriser l’exploitation minière en eaux profondes.

Le bruit, la vibration et la lumière de l’exploitation perturberont la vie en eau profonde. La pollution sonore peut s’étendre jusqu’à 500 km du point d’origine. C’est comme de Oslo à Trondheim. Les avantages à long terme d’un océan riche et propre compensent tous les gains à court terme de l’exploitation minière en profondeur, selon WWF Norvège.

Cette exploitation peut aussi entrainer des conséquences inattendues par le par le rejet de CO2 stocké dans le fond marin. L’Arctique est encore plus vulnérable au changement climatique que d’autres régions.

La Norvège est le premier pays à autoriser ce type d’exploitation, et les militants environnementaux sont inquiets que cela donnera une autorisation tacite à d’autres pays d’en faire de même.

La Norvège, malgré son image internationale de fjords immaculés et de champion de l’environnement, multiplie les décisions allant à l’encontre de cette image et de ses engagements environnements sur la scène internationale. Refusant de mettre une date de fin à l’exploitation de gaz et de pétrole, et autorisant par exemple le dépôt à grande échelle de déchets toxiques miniers à ciel ouvert dans deux fjords de l’Ouest et du Nord du pays, le monde découvre une Norvège plus ambivalente vis-à vis de la protection du climat et de l’environnement. Pendant la COP 28 en décembre 2023, la Norvège a « gagné » le prix de « Fossils of the day » pour son exploitation annoncée des fonds marins.

Les partis ayant voté contre sont Rødt (parti d’extrême gauche tendance communiste), SV (socialistes de gauche), MDG (Les Verts), Venstre (Libéraux) et KrF (Chrétiens démocrates). Le parti travailliste (Equivalent Parti socialiste en France) au pouvoir s’est allié au parti Conservateur, au parti centriste Sp et au parti d’extrême droite FrP pour appuyer le vote. Il est possible qu’une raison principale de cette autorisation soit une volonté de la Norvège de ne plus être dépendante d’autres pays comme la Chine pour les minéraux rares, et peut être même de vendre ces métaux à d’autres nations ou entreprises et en faire un fleuron de l’économie norvégienne.


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