Pourquoi est-il si difficile (et cher) de trouver une location à Oslo?

Il y a encore quelques années, trouver un logement à louer à Oslo était assez simple. On pouvait faire défiler les annonces sur Finn.no, trouver un appartement d’une ou deux chambres correct, envoyer un message, et peut-être même recevoir une réponse. Il y avait suffisamment d’offres, et les prix, bien que pas bas, étaient relativement stables. Avance rapide jusqu’à aujourd’hui : tout a changé. Trouver un appartement à louer est devenu un casse tête pour les nouveaux venus ou ceux qui sont mis dehors de leur appartement avant la fin du bail.

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Beaucoup de gens se plaignent d’envoyer message sur message via Finn.no, sans jamais recevoir de réponse. D’autres se rendent aux visites d’appartement pour entendre dire que le loyer sera « mis aux enchères », et que le logement reviendra au plus offrant. Certains propriétaires demandent même aux locataires de partir dès que la période de location légale minimale est terminée, afin de pouvoir relouer plus cher à quelqu’un d’autre. De nombreux logements sont aussi en très mauvais état, tout en étant loués à des prix exorbitants.

Mais que s’est-il passé exactement ? Pourquoi louer à Oslo est-il devenu si difficile, et pourquoi les prix flambent-ils autant ?

Voici cinq raisons principales :

1. Il y a tout simplement moins d’appartements à louer

Au cours des cinq dernières années, plus de 10 000 logements locatifs ont disparu du marché à Oslo. Cela représente une baisse de 17 %. La majorité a été vendue.

Une des raisons principales : posséder plusieurs biens immobiliers est devenu plus coûteux. Au début des années 2000, il était relativement facile et peu cher d’acheter un deuxième ou même un troisième bien. Les investisseurs les mettaient en location et utilisaient les loyers pour rembourser les emprunts. Mais avec la hausse brutale des taux d’intérêt ces dernières années, les calculs ne tiennent plus. Pour beaucoup de propriétaires, louer un appartement n’est plus rentable, ni même viable. Ils préfèrent vendre et investir ailleurs.

Bien sûr, difficile d’éprouver beaucoup d’empathie pour quelqu’un qui possède plusieurs appartements quand on survit avec du knekkebrød dans une colocation. Mais cette réalité pousse certains propriétaires à augmenter les loyers pour couvrir leurs frais, ou à quitter complètement le marché locatif. Dans les deux cas, ce sont les locataires qui en paient le prix : loyers plus élevés et moins de logements disponibles.

2. Acheter est plus cher, donc la pression sur le marché locatif explose

Les Norvégiens adorent être propriétaires de leur logement. C’était presque un droit fondamental pour un jeune de 20 ans quand je suis arrivée ici. On me disait : « Hein ? Tu ne possèdes pas ton appart à Oslo? Tu vas sûrement vendre ton appart à Paris pour acheter ici, non ? ». Ils n’étaient pas vraiment au courant du système français, où un·e Parisien·ne de 25 ans ne possède pas d’appartement… sauf s’il vient d’une famille extrêmement riche.

Aujourd’hui, avec l’augmentation fulgurante des prix de l’immobilier à Oslo, beaucoup de Norvégiens louent beaucoup plus longtemps. De plus en plus ont besoin d’aide financière de leurs parents pour acheter leur premier appartement, ce qui était moins fréquent avant. En 2023, une personne avec un salaire moyen (par exemple une infirmière, souvent utilisée comme index) ne pouvait acheter que 2 % des appartements à Oslo. Et ça risque d’être encore moins aujourd’hui. Combien de temps faut-il pour épargner 400 000 couronnes norvégiennes tout en payant un loyer élevé avec un salaire moyen? Probablement très longtemps.

3. Sans Bank Id, vous n’êtes même pas dans la cource

Pour les nouveaux arrivants en Norvège, notamment les étudiants internationaux, les expatriés ou les nouveaux travailleurs, louer un appartement est encore plus compliqué. Sans numéro personnel norvégien et sans BankID, la plupart des propriétaires ne liront même pas votre message sur Finn.no, car vous nêtes pas un « utilisateur vérifié ». Même avec un bon revenu et de bonnes références, c’est souvent : « takk, men nei takk » (merci, mais non merci).

C’est l’une des raisons pour lesquelles certains locataires étrangers se retrouvent coincés dans des sous-locations chères ou précaires, avec peu de protection ou de stabilité. Ou se font avoir avec des propriétaires leur demandant un virement de la caution sur leur compte privé (ce qui est illégal).

4. De plus en plus d’appartements sont loués à des touristes, pas à des habitants

Un problème croissant est la multiplication des locations de courte durée. Avec l’augmentation du tourisme à Oslo et la popularité des plateformes comme Airbnb, de plus en plus d’appartements sont retirés du marché de la location longue durée pour être loués à des touristes. Actuellement, il y a 6042 annonces Airbnb à Oslo, et 39 % des logements entiers génèrent jusqu’à 2 328 € par mois. Ce changement réduit l’offre pour les résidents et contribue à la hausse des loyers.

Du point de vue du propriétaire, cela semble logique : les locations de courte durée rapportent souvent plus, avec moins d’obligations légales. Mais pour les gens qui vivent et travaillent ici, cela veut dire moins de logements disponibles. C’est particulièrement visible dans les quartiers centraux, où des immeubles entiers fonctionnent comme des hôtels non officiels.

Résultat : plus de concurrence pour moins d’appartements, et des loyers en hausse, même loin du centre-ville.

5. Trop peu de nouveaux logements sont construits

Très peu de nouveaux appartements sont construits, ce qui augmente la pression sur les logements existants. Il n’y a pas eu aussi peu de constructions depuis 1946, principalement à cause du prix élevé des matériaux. En même temps, la majorité des gens veulent vivre en centre-ville, là où l’offre locative est la plus faible.

Alors… Que faire ?

Malheureusement, il n’y a pas de solution miracle pour le moment. Oslo a un besoin urgent de logements abordables, d’une meilleure protection des locataires, et d’un marché plus transparent. Mais tant que les politiques publiques ne suivent pas, les locataires doivent affronter seuls un marché difficile et imprévisible.

Voici quelques idées qui pourraient aider :

  • Publier sa propre annonce sur Finn.no pour attirer des propriétaires.
  • Rejoindre une association de locataires, comme Leieboerforeningen, pour obtenir des conseils juridiques et du soutien.
  • Élargir votre zone de recherche, même si cela implique un trajet plus long.
  • Et surtout : en parler. Plus on en parle, plus il devient difficile d’ignorer le problème. Vous pouvez suivre le compte Instagram @min_drittleilighet («mon appart pourri »), très actif dans la lutte pour une nouvelle loi sur la location et la baisse des loyers à Oslo.

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